20 septembre 2010

Bio ou pas Bio ? Telle est la question...




Le marquage "Bio" devient pour ainsi dire la nouvelle norme des personnes soucieuses du respect de la planète, de leur santé ou simplement à la recherche de plaisirs plus sains et plus vrais. Mais que se cache-t-il derrière ces 3 lettres usées et abusées, galvaudées et mangées à toutes les sauces ?
Je vous propose un guide pour répondre à cette petite question qui paraît toute simple.

La première chose qui me frappe c'est la confusion qui existe sur le sens du mot "bio" qui rappelons le est l'abréviation de "biologique". Car c'est finalement une notion toute simple ! "Bio" = issu de l'agriculture biologique ou bio-dynamique.






Un petit rappel des définitions de base s'impose :
Agriculture biologique
"L’agriculture biologique est un système de production agricole spécifique qui exclue l'usage d’engrais et de pesticides de synthèse et d'organismes génétiquement modifiés. Il est basé sur la gestion rationnelle de la fraction du sol, dans le respect des cycles biologiques et de l'environnement. Il tient compte des connaissances en écologie, pour une production de qualité, équilibrée, plus autonome, plus économe et non polluante."
L’agriculture biologique ne doit pas être confondue avec le label bio AB qui certifie qu’au moins 95% des ingrédients d’un aliment sont issus de l’agriculture biologique. De même qui dit agriculture biologique ne dit pas labour à la charrue tirée bar un boeuf... Le respect de l'environnement c'est le progrès, tout au contraire !



Agriculture bio dynamique
"L’agriculture bio-dynamique est une agriculture assurant la santé du sol et des plantes pour procurer une alimentation saine aux animaux et aux Hommes. Les principes de base sont les mêmes que l’agriculture biologique mais l’agricuture bio dynamique est plus exigeante et va plus loin : elle intègre également un souci de conservation et de diversité des espèces et des variétés, encourage une autosuffisance en fourrage et en fertilisants, une utilisation limitée de chaux, phosphate, poudre de roche et de déchets organiques (ex : lisier, fumier) remplacés par des engrais verts (ex : purin d’orties) et des résidus de récoltes."
Un peu moins connue du grand public, l'agriculture bio-dynamique n'est toutefois pas un mouvement anodin. Les produits issus de l’agriculture bio dynamique sont reconnaissables grâce au label Demeter. On se passera de commentaire sur la modernité du logo...




Ce petit rappel étant fait je défie quiconque de me justifier les expressions "voiture bio", "robot électroménager bio", ou "maison bio" qui fleurissent dans les publicités et les magazines. En effet tous les composants de synthèse qui ne sont donc pas d'origine naturelle sont bien sûr exclus de la liste des "bio" potentiels.
Mais il y a des cas où l'évidence n'est pas de mise... voici donc une petite liste des faux amis car parmi les ingrédients naturels, nombreux sont ceux qui ne peuvent être considérés bio :
- les végétaux « sauvages » (ex : baies, fleurs, racines, algues) qui ne sont pas issus d’une culture mais prélevés par cueillette dans leur milieu naturel.
les minéraux : le sel, l’argile, la craie ou tous les autres minéraux (aux pigments largement utilisés pour le maquillage),
-  l’eau : composant de base de toutes les émulsions aqueuses (mélange eau + matière grasse) à l'origine de la texture des crèmes et laits cosmétiques, ou de produits comme les bruines ou les eaux florales (hydrolat obtenu lors de la distillation des huiles essentielles).
Jusque là je pense que vous avez suivi facilement. Mais ça peut rapidement se compliquer... car par exemple les modes de calcul de différents labels (ex : Ecocert, Cosmébio) peuvent dans certains cas comptabiliser l’eau comme ingrédient bio. Je m'explique avec un exemple concret (allergiques aux maths s'abstenir) :
Si un extrait hydro-alcoolique de plante bio (obtenu par macération d’un végétal bio dans un mélange d’eau et d’alcool bio) a un rapport masse de plante sèche initial / masse extrait final supérieur à 5%, la totalité de l’extrait (dont une forte proportion d’eau) sera comptabilisée comme ingrédient bio à 100%.
Il ne faut également pas oublier l’eau naturellement contenue dans les végétaux frais dans la mesure où l’extrait sec d’une plante ne représente en moyenne qu’1/4 de la masse de la plante fraîche... Je vous sens tout de suite moins à l'aise sur la question, je me trompe ?



Pour vous embrouiller d'avantage, il faut noter qu'un ingrédient est rarement utilisé à l'état brut dans le produit fini et doit tout d'abord être transformé, particulièrement dans l'industrie cosmétique (d'une plante on fait un macérat ou une huile essentielle, d'un minéral une poudre ou une pâte, etc). 
Ils sont broyés, distillés, affinés, filtrés, émulsionnés ou peuvent même subir des transformations chimiques plus complexes. Pour la plupart des organismes certificateurs, un ingrédient bio ne conserve ce titre de noblesse qu'à condition de subir des transformations élémentaires ou chimiques simples (estérification et saponification pour la fabrication du savon par exemple).

Donc pour être bio, il faut l'être au départ et ne pas avoir été torturé par un chimiste... 
Maintenant que la distinction entre ingrédient bio et ingrédient non bio est un peu plus claire, intéressons-nous à un produit fini composé de nombreux ingrédients différents. Alors selon vous, bio ou pas bio ?




Hormis des denrées de base et quelques produits simples, les produit finis composés à 100% d'ingrédients bio ne sont malheureusement pas légion car de nombreux ingrédients nécessaires, pour la conservation notamment, n'existent pas en « version bio », ou dans des quantités insuffisantes, voire même pas en « version naturelle » tout simplement.
Afin de statuer si un produit est bio ou non, chaque label a donc fixé un pourcentage minimal d'ingrédients bio. Si la valeur du seuil reste un critère subjectif, s'intéresser à la proportion d'ingrédients bio semble l'outil de mesure le plus approprié.
Cependant, comme tout pourcentage, ce chiffre n’a de sens que dans la mesure où il est précisé la base à laquelle il se réfère. Sont les plus répandues :
% des ingrédients végétaux : il exprime la proportion d’ingrédients bio parmi les ingrédients végétaux. Les ingrédients bio d’origine animale ne seraient donc pas ici comptabilisés.
% des ingrédients naturels : il exprime la proportion d’ingrédients bio, d’origine végétale ou animale, parmi les ingrédients naturels (ingrédients d’origine végétale ou animale, minéraux, eau, etc.)
% du total des ingrédients : il exprime la proportion d’ingrédients bio, d’origine végétale ou animale, parmi la totalité des ingrédients contenus dans le produit fini.

En effet cela change tout ! Reprenons un exemple pour le plaisir des allergiques aux maths :


Imaginons une crème hydratante constituée de 20% d’ingrédients d’origine végétale dont  90% d’ingrédients bio.
Alors on pourra lire sur l’étiquette : « 90% d’ingrédients végétaux bio», ou, ce qui serait peut-être moins vendeur mais plus intelligible, « 18% d’ingrédients bio».
Mais ce n'est pas le seul critère retenu par les labels qui s'intéressent également à la nature des ingrédients non bio, les conditions de fabrication et de mise au point (test sur les animaux interdits), les emballages, etc.
Pour en savoir plus sur les garanties apportées par les labels bio, retrouvez notre tableaux récapitulatif des labels bio en épicerie et cosmétique.
 Ma conclusion



Bio ou non bio reste donc la plupart du temps une question d'interprétation, mais ces quelques informations devraient pouvoir vous permettre de choisir en meilleure connaissance de cause et mieux décrypter la composition INCI au dos de l'étiquette.

Faites-vous confiance aux labels en règle générale ? Savez-vous ce qui se cache derrière chacun d'entre eux ? Que pensez-vous de leur multiplication ? Et finalement, vous étiez-vous seulement déjà posé cette question toute simple en achetant un produit étiqueté bio : "bio ou pas bio" ?

2 commentaires:

  1. De manière générale et jusqu'à il y a peu de temps, je ne faisais pas le distinguo entre les intitulés et les % indiqués sur les flacons. Merci donc pour cet article extrêmement précis et qu'il peut être bon de lire une deuxième fois pour l'appréhender complètement.

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  2. @ Magalie : A vouloir dire tout ce que je pense sur un sujet, j'en dis parfois trop... Merci d'être allée jusqu'au bout de l'article néanmoins ! :)

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